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Vic & Co en Chine

14 mai 2012

Au bout de mes chaussures

 

Au bout de mes chaussures


Au bout de les chaussures, je découvre un monde insoupçonné.
Enfin je ne le supposais pas si proche.

On est à exactement une semaine du marathon de la Grande Muraille ,http://www.great-wall-marathon.com/Default.aspx qui est l'événement sportif préféré des expats pékinois. 
Ce n'est pourtant pas une mince affaire, même pour ceux qui comme moi ne ferons qu'une partie de la course. 
D'abord il y a la foule, même si les inscriptions sont clôturées très tôt, 2000 personnes vont se presser sur la muraille, qui comme son nom l'indique est une muraille et pas un autoroute.
Ensuite il y a les marches, beaucoup de marches,  près de 5000... 
S'ajoutent à cela la chaleur (on dépasse allègrement les 30 degrés s jours-ci) puis accessoirement il reste la distance à parcourir! 
Pas le genre de défis qu'on se lance sans prévoir une sérieuse préparation, surtout quand comme moi on n'a jamais couru autrement que derrière ses enfants ...

Ça fait donc plusieurs mois que je coure très régulièrement. Je vous avais raconté mes ballades au Yunnan, mais en rallongeant mon parcours autour de notre compound, je découvre avec surprise et plaisir tout un petit monde caché.
À moins de 5 kilomètres je passe à travers des petits villages, des ruelles boueuses, des maisonnettes branlantes. 
Je me fraie un chemin à travers la vie bouillonnante de ces communautés, entre les vieillards qui jouent au majong sur le trottoir, les bambins qui font pipi à travers leur culotte fendue dans les rigolles, des jeunes qui se brossent les dents sur le pas de la porte. Les enfants me disent bonjour ou me suivent, les matrones lèvent leur nez des montagnes de légumes qu'elles découpent plus vite que n'importe quel robot ménager. Quelle que soit l'heure de la journée, une odeur de beignets frits et de raviolis plane dans les ruelles. 
Puis je quitte les hameaux, je me retrouve dans les terrains vagues où se trouvaient il y a quelques mois encore ce genre de villages et qui feront bientôt place à une armée de grues et de bétonneuses,  pour se voir ériger encore des buildings. Quelques foulées plus loin je passe devant le centre commercial tout moderne où une foule de chinois s'empresse dans les boutiques occidentales et me voilà devant notre bulle dorée, réplique plus vraie que nature de Wisteria Lane ou de n'importe quel suburb américain. L'aventure au bout de mes chaussures!

Mais au bout de mes chaussures samedi prochain il y aura plus encore.
Un groupe de parents et de profs de l'école courra le marathon pour récolter des fonds pour un orphelinat accueillant des enfants aux os dits de verre http://www.agapeflh.org/. Ces enfants sont très fréquemment abandonnés par leurs familles qui n'ont pas les moyens de faire face aux énormes frais qu'entraîne cette maladie génétique rare. Ils ont aussi besoin de chaises roulantes et de déambulateurs. 
Jeudi dernier nous avons fait une présentation à l'école. Deux des enfants à qui nous avions offert des chaises roulantes il y a quelques mois avaient tenu à venir nous montrer à quel point nous avions changé leurs vies. Les premières minutes, j'étais un intimidée par ces petits bouts dans leurs petites chaises, puis  très vite ce sont devenus des enfants comme tous les autres, rieurs, farceurs, heureux, à qui on a donné une chance d'avancer dans la vie, dans tous les sens du terme. Une chaise ou un déambulateur ne coûté que 100 euro, c'est peu pour changer une vie.

Pour finir je dédirai cette course à deux amies dont le courage et la force de vie  m'impressionnent. Elles se battent contre un ennemi qui souvent doit leur paraître comme la muraille, haut, long, difficile à vaincre.
Mais chaque année des personnes courageuses, à force de volonté et de persévérance parviennent au bout de la maladie, et au bout de la muraille. 
Et j'y parviendrai cette année, en pensant à elles a chaque marche et en leur envoyant 5000 marches de courage et de soutien.  
Parce qu'elles le valent bien.
 
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9 février 2012

À table?

 

 


En préparant notre épopée chinoise il y a trois ans, j'étais bien décidée à maintenir nos habitudes alimentaires familiales. Non je ne comptais pas coûte que coûte rester fidèle au régime Spécial K, Kwatta, boulettes sauce tomates, mais manger autant que possible local et de saison. Si en plus on pouvait maintenir la tendance bio, je comptais bien être la plus heureuse des TaiTai.
Pleine de bonnes intentions j'avais fait le plein de livres de cuisine asiatique, encyclopédies qui devaient me permettre de reconnaître les légumes non identifiés, ingrédients exotiques et autres saveurs inconnues.
On a vite déchanté...
Bien sûr il y avait les indispensables sans quoi on n'aurait pas survécu. Le gaufrier à été livré deux jours après notre arrivée, faisant partie des bagages indispensables, et j'ai fait des centaines de gaufres depuis. La cassonade, graisse à frire et épices pour pain de viande sont sur la liste de courses estivale et remplissent nos bagages. Et à chaque retour en Belgique Jean-Michel trafique gouda (mi-vieux!) et crevettes grises, dégustés dès son arrivée. L'échange de messages lors de son passage à la douane fait d'ailleurs partie du rituel ("ils vérifient un sac mais pas celui des crevettes, croise les doigts"- "je leur ai dit que c'était du chocolat pour les enfants, ça a l'air de marcher").

Mais même sans adopter les traditions culinaires chinoises qui peuvent être -soyons modérés- déconcertantes, ne clament-ils pas manger tout ce qui a quatre pattes sauf les tables et tout ce qui a des ailes sauf les avions?, on aurait pu au moins garder nos principes un tant soit peu écologiques? 

D'abord il y a eu la destruction systématique des villages autour de chez nous, et avec eux des marchés. Là où les premiers mois je mettais un point d'honneur à y faire le plus gros de nos courses, rentrant souvent avec des fruits et légumes totalement inconnus, j'ai dû vite me rabattre sur les supermarchés, faute de marchés.

Il y a surtout eu l'inquiétude grandissante quant à la sécurité alimentaire.
Bien sûr c'est une aberration écologique de manger de la viande importée d'Australie, mais qui a envie de manger de la viande teintée voire phosphorescente?
L'an dernier une brave dame de Shanghai a eu la surprise de voir une masse briller dans le noir de sa cuisine, pour se rendre compte qu'il s'agissait de la viande qu'elle avait omis de mettre au frigo. D'autres viandes brillant dans la nuit n'ont pas tardé à être découvert.
Il y a eu le cas de la viande soi disant de bœuf qui était, selon les sources officielles, de la viande de porc teintée pour pouvoir la vendre plus cher. Les sources non officielles, je préfère ne pas savoir de quelle viande elles parlent. 
I l y a aussi eu les athlètes positifs aux testes de dopage à l'étranger à cause de la consommation de viande chinoise, récemment d'ailleurs des athlètes étrangers à Shanghai pour une compétition avaient été informés des restaurants "sûrs" en la matière.
Donc la viande locale, non merci.

Le poisson, pas bien mieux, surtout depuis Fukoshima. Qui est sans doute que le sommet de l'iceberg chinois.

Les produits laitiers, l'affaire de la mélamine (2008)a fait assez de bruit. Ce qui a peut-être fait moins de bruit c'est que depuis on trouve très régulièrement cette substance dont on sait maintenant qu'elle peut être mortelle dans les produits laitiers en rayon. Une bonne partie des produits retirés du marché en 2008 a d'ailleurs été retrouvée dans les rayons ultérieurement...
Exit les produits laitiers chinois. Et les œufs au passage, des petits malins avaient vendu des millions de faux œufs, reconstitués à base de substances chimiques. L'intérêt? Aucune idée...

Les fruits et légumes? On ne compte plus les analyses donnant des résultats affolants de taux de pesticides ou engrais utilisés. En se baladant dans les campagnes on trouve le long des champs les emballages vides de ces  produits en tel  nombre qu'ils suffiraient pour traiter des superficies dangereusement plus grandes.
Puis il y a les histoires qui seraient drôles si elles n'étaient pas terrifiantes de pastèques traitées aux hormone de croissance qui explosent au mieux dans les champs au pire à la figure des pauvres consommateurs (bonjour docteur, j'ai été attaquée par une pastèque ....) ou de champignons fluorescents (quoiqu'on pourrait créer une belle recette avec la viande aux mêmes propriétés!) . 
Je passe le cas du riz aux métaux lourds, du vinaigre aux acides mortels, des germes de soya blanchis à l'eau de javel ...

Pas étonnant donc que la sécurité alimentaire soit -avec la pollution de l'air- le sujet favori des expats. Et qu'on se tourne, à regret, vers les produits importés. Ce qui nous empêche pas de découvrir les délices asiatiques, mais ça c'est une autre histoire.

 
5 février 2012

Mais qu'est-ce qui se passe?

 

Quelque chose cloche. 

Je suis arrivée sans encombres à l'aéroport, j'ai pu enregistrer sans avoir pris de coups de chariots dans les chevilles ou avoir évité des doigts coincés dans le tapis roulant. 
J'ai calmement passé tous les contrôles sans découvrir de gourde remplie au fond d'une sac à dos ou de revolver en plastic dissimulé dans un pyjama.
Je me suis balladée à l'aise dans les magasins duty free sans manquer dix fois renverser des flacons ou devoir argumenter contre l'achat de chocolats, cacahouètes ou autres sucettes fluorescentes.
À défaut d'innombrables aller-retour aux toilettes et au buffet, le temps d'attente m'a presque semblé long jusqu'à l'embarquement qui a eu lieu sans drames de DS non chargées ou doudous oubliés. Quand je suis montée dans l'avion personne ne m'a regardée d'un air horrifié, pas de palabres avec les hôtesses pour obtenir des places loin de ma troupe.
Je suis parvenue à hauteur de Vilnius en ayant visionné deux (DEUX!) films sans être interrompue par des disputes ou des problèmes techniques aux alentours, en ayant dormi calmement, j'ai écrit, j'ai lu et écouté de la musique, j'ai même dormi et dégusté tout mon repas sans devoir négocier qu'on avale au moins le riz ou devoir faire des prouesses pour découper du poulet. 
Et je suppose que je vais pouvoir descendre de l'avion sans porter de poids lourds endormis depuis vingt minutes mais impossibles à réveiller, passer la douane sans que personne ne vomisse sur les pieds du douanier ou presque, éviter les acrobaties poussettes-sacs à dos-passeports sur la passerelle ...
Ce serait presqu' ennuyant de voyager seule ... mais presque seulement!
 
24 janvier 2012

Bon appétit...

Ce soir, buffet de fête pour le deuxième jour de l'an. Et comme ils jouent ici à fond la carte de l'echange culturel sous toutes ses formes, le menu était assez local.

Margot s'est découvert une passion pour ... les oreilles de cochon. On a dû l'arrêter, elle en a grignoté allègrement toute une assiette.

 

Photos suivront, promis .... 

23 janvier 2012

Retour à Xizhou

 

 


N'atteind pas Xizhou qui veut. Comme tout paradis qui se respecte, l'accès se mérite. Après un vol secoué de Pékin à Kunming, capitale du Yunnan et surnommé à raison la ville du printemps éternel, la route est encore longue.
Notre chauffeur nous attendait tout sourire, nous l'étions nettement moins à l'idée des quatre heures de route qui nous attendaient.
Mais la route  était belle, traversait les rizières, les champs, la vallée des dinosaures, les montagnes. La vallée des dinosaures de Lufeng non loin de Kunming est  l'endroit au monde où on a trouvé le plus de fossiles de dinosaures. Un énorme parc d'attraction y a été consacré et pendant des dizaines de kilomètres on voit des dinosaures peints sur les façades des maisons des villages.
Les paysans travaillent dans les champs, puis à la tombée du jour rentrent, leur fardeau su r le dos. On roule à travers un livre de cartes postales, d'images d'Epinal d'une Chine d'un autre temps.
Notre chauffeur qui ne parle pas un mot d'anglais tente de nous faire la conversation, ce qui donne des résultats épiques.
 Il nous explique qu'il ne connaît ni la Belgique ni la France, mais très bien l'Italie. Qu'a donc été faire ce chauffeur de taxi originaire de Dali en Italie? 
Il a vu Milan, Venise, Rome, le Vatican.  
Et il  a fait des vêtements, dans l'usine. Un atelier clandestin, un ouvrier chinois exploité à la solde des grands couturiers italiens? Aurions-nous démasqué un trafic? 
Il y aurait fait des qipao (robe chinoise traditionnelle), ça c'est étrange, quel est l'intérêt d'aller faire ça en Italie alors que ça ne coûte rien de le faire ici ... En cuir, en cuir la qipao? Oui oui, puis une histoire de chaussures ... 
Et il a fait des photos. Ah, du tourisme alors, il a pris photos des monuments? Non non, des vêtements, beaucoup de photos des vêtements.  Ça y est, ce n'est pas un ouvrier clandestin, mais un espion venu en Italie pour ensuite copier  les modèles dans ses ateliers chinois et les vendre ensuite dans les fake-markets des grandes villes où ils feront la joie des touristes? 
On ne connaîtra jamais le fin de l'histoire ... 

 Et quand enfin on atteint Xizhou, c'était l'excitation des retrouvailles, l'impression d'être accueillis chez nous. Le repas était prêt, les bouillottes dans les lits, on s'est tous endormis sans demander notre reste.

Le lendemain, dernier jour de l'année du lapin, le village est en effervescence, on prépare le réveillon. En chemin vers le marché, une villageoise qui nous avait invitée chez elle en octobre dernier nous reconnaît et m'embrasse en me souhaitant plein de choses merveilleuses pour l'année à venir ... enfin je crois.
Au marché l'excitation est à son comble, véritable marée humaine. Imaginez un hypermarché en Europe un 31 décembre et remplacez le foie gras par des têtes de cochon et le homard par des boulettes de riz gluant. Ça vous donne une petite idée? Les enfants du village ont faut le plein de pétards et de feux d'artifice et s'en donnent à coeur joie, Arthur et Brice, le fils de Brian et Jeannee ne tardent pas à en faire autant.

L'apres-midi je me tiens à mes bonnes résolutions et je pars courir à travers champs et villages. Partout les préparatifs battent leur plein. Les gens dans leurs beaux costumes traditionnels collent sur leurs portes les couplets caligraphiés qui protégeront leur foyer tout au long de l'année à venir ainsi que des dessins de guerriers terrifiants sensés chasser les mauvais esprits. Toute une rue est affairée à égorger et plumer des poulets, un peu plus loin on rince des têtes de cochon pendant qu'une vache regarde cette agitation d'un air béat. Je sautille au-dessus de flaques de sang et me prends des plumes dans la figure, tout en attirant les regards éberlués des villageois. Quelle est donc cette folle qui vient courir au milieu de ce branle-bas de combat? Je pars d'un beau fou-rire quand je me rends compte de l'absurdité de la situation (pour couronner le tableau de la grande dingue sautillant dans les rues sanguinolantes au fin fond de la Chine, j'ai dans les oreilles ma playlist parfaitement débile-j'assume- et sautille donc sur fond de Joe Dassin, Abba et des hits  des années '80)

Le soir et la nuit donnera un concert de pétards et de feux d'artifice mais on est loin du vacarme de Pékin. Et puis de toute façon ici on ouvre que tout est beau, tout est merveilleux. C'est peut-être l'effet enivrant de l'oxygène à laquelle nous ne sommes plus habitués?

Pour les photos, il faudra attendre notre retour à Pékin ...


 
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22 janvier 2012

Bonne année du dragon!

 

 


Bonne année du dragon!

Une fois de plus on fuit les pétards pékinois pour le Nouvel An. 
Cette année les ardeurs risquent de redoubler, on passe dimanche soir à l'année du dragon qui  des douze signes  est sensé être le meilleur. Outre l'invasion de dragons dans tous les rayons de tous les magasins sous forme de bonbons, chaussettes, bijoux, sous-vêtements (je vous laisse le plaisir d'imaginer...), gâteaux et jouets, des dragons dans les rues (dragons gonflables, projetés sur grand écran, déguisés, en sucre ou en glace) il y a une vraie épidémie... de femmes enceintes! Le comble du bonheur dans l'empire de l'enfant unique, c'est un "dragon-baby". Certaines donnent l'impression d'être enceintes de dix mois et demi mais ce serait trop dommage d'accoucher dans les dernières heures de l'année du lapin donc si près du but, on mord sur sa chique. Un chinois me disait que cette obsession promet de sérieux problèmes démographiques, pénurie de places dans les écoles et universités, d'emplois, de logements, et ce problème connu se répète...tous les douze ans.
Bien que le nouvel an tombe cette année très tôt, la date n'est pas fixe puisque le calendrier traditionnel chinois est lunaire, on a eu le temps de se plier aux usages, ou du moins à notre interprétation bien laowai (long nez) de ceux-ci. Les enfants ont ramené de l'école des jaozi (dumplings) et boulettes de riz gluants (d'un gris inquiétant), on a assisté aux spectacles de danses des éventails et de kungfu, distribué à Ayi et Jacky leurs hongbao (petites enveloppes rouges contenant leurs étrennes) et Paul et Margot chantent à tue-tête "gongxi gongxi gongxi ni", avec les gestes réglementaires (ce qui se traduit plus ou moins par je vous souhaite bonne chance), ils ont tous les quatre revêtu leur tenue traditionnelle pour faire plaisir à leurs profs de chinois, bref on a joué le jeu, on peut partir.
Car dragon ou pas, on ne va pas subir la succession de nuits blanches qui s'annonce. Pékin qui fête à tout d'une ville en guerre, le bruit des pétards incessants, les feux d'artifice qui deux semaines durant font que la nuit est aussi claire que le jour, et même bien plus vu la pollution qui voile la lumière du jour (lien vers photos).
Comme des dizaines de millions de chinois nous embarquons donc ce matin vers un endroit plus paisible. Le déplacement annuel des chinois se rendant dans leurs familles à l'occasion du nouvel an est considérée comme une des plus importantes migrations humaines dans le monde et quand une tempête de neige avait bloqué les transports en commun il y a quelques années, on était passé pas loin de la révolution.
Les semaines avant le nouvel an, on enregistre une sérieuse hausse de la petite criminalité, vol à l'arrachée, pick-pockets, cambriolages, les gens étant prêts à tout pour payer le voyage vers leur famille et y faire bonne figure. Ceux qui n'ont pas les moyens ou le temps de rentrer envoient colis, argent et ... photos. Ikea est pris d'assaut, non pas pour faire des cadeaux mais comme studio photo. Les familles font la file devant les salons, salles à manger et chambres à coucher pour se faire photographier dans in cadre "idyllique" et montrer à leurs familles restées en province comme ils ont bien réussi et comme ils sont heureux dans leurs étagères Billy ou canapés Ektorp ... J'ai mis un certain temps à comprendre.
Nous laissons tout ça derrière nous pour aller nous réfugier dans le Yunnan, dans notre retraite préférée, le Linden Centre à Xizhou. Encore?? Oui encore, et on décompte les heures avant de retrouver cette maison accueillante, nos amis Brian et Jeannee et leurs enfants, le village qu'on commence à drôlement bien connaître, la terrasse surplombant les rizières. Oui il y aura des pétards, des danses du dragon, des fêtes dans les temples, plus de jiaozi et de boulettes de riz, on aura le bout du nez gelé en se reveillant le matin et il n'y aura ni Kiri ni Special K, mais on va trouver ça merveilleux et authentique. Et on va pas penser au fait que c'est sans doute la dernière fois qu'on séjourné dans notre petit coin de paradis ...

Une très bonne année du dragon à tous!
 
22 janvier 2012

Entre Noël et Nouvel An

Dilemne ... Il faudrait que je prenne le temps de raconter notre voyage de fin d'année  mais je cherche encore les mots assez colorés, suffisamment parfumés pour décrire le séjour qui nous a donné envie de demander la nationalité thaï et à s'installer comme vendeuse de gaufres belges sur les marchés flottants... 

Alors est-ce que je continue à les chercher ces fameux mots ou je mets ça de côté pour vous raconter nos petites aventures quotidiennes?

Parce qu'entre temps on est bien rentrés pour commencer 2012, et on repartira bientôt pour passer à l'année du dragon loin des pétards et des feux d'artifice. Loin du froid et de la pollution aussi ...

L'hiver a beau ne pas être aussi rude que l'an dernier (quoique ce matin le thermomètre annonçait -12 avec un "realfeel" ou une estimation de la température ressentie à -20, on va dire qu'on s'est habitués) on a perdu en quelques heures plus de trente degrés en quittant Bangkok...

La pollution par contre on ne s'y fait pas, ça va de mal en pire. On dépasse régulièrement le taux maximum que les instruments de mesure de l'ambassade des États Unis sont capables d'enregistrer. L'an dernier l'incident diplomatique avait été frôlé quand le porte-parole de l'ambassade avait qualifié l'état de l'air de "crazy bad". Le communiqué avait été retiré du site, mais l'expression est restée, et malheureusement les jours crazy bad se multiplient. 
Cette semaine ça donnait ça : http://www.foreignpolicy.com/articles/2012/01/18/smog_beijing_pollution_photos#10,   il y a quelques semaines un autre photographe avait fait cette série-ci http://msnphoto.eastday.com/2011gqhd/20111206_5/index.html

Tout ça n'arrange pas ma résolution 2012. Je n'ai jamais couru plus que derrière les enfants, mais avant de quitter la Chine je suis decidee a participer à l'événement sportif de l'année (du moins pour les  expats) à Pékin, le Great Wall Marathon. Ça fait serieux et quiconque ayant mis les pieds sur la grande muraille comprend que ça l'est, mais mes résolutions restent raisonnables, je me suis inscrite pour les 10 kilomètres. Ça reste dix kilomètres dans des escaliers escarpés, irréguliers et millénaires (bon d'accord ils ont été refaits) et donc ça nécessite de l'entraînement! J'étais pleine d'entrain mais si ca continue  mon terrain d'entrainement va se réduire à la volée d'escaliers entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage sous peine de finir asthmatique. 
Rendez-vous fin mai!

Le froid ne réussit pas à Jacky, qui est toujours notre chauffeur. Comme c'est un fumeur invétéré qui se voit obligé (par moi) de fumer dehors, il prend forcément froid et est enrhumé tout l'hiver. En bon chinois ça se traduit par des reniflements et raclements de gorge continus, bruyants comme il se doit. Et comme ça ne suffit pas à faire passer le mal, il se soigne avec des cachets et sirops de médecine traditionnelle qui répandent dans la voiture une odeur tout à fait indéfinissable (heureusement d'ailleurs...) et absolument immonde. La première chose que je fais donc en entrant dans la voiture est de l'asperger d'huiles essentielles, ce qui fait que nous sentons tous le Vickx à plein nez. Enfin là j'ai épuisé mon stock d'eucalyptus, on est passés au pamplemousse.
Quant aux bruits, les écouteurs dans les oreilles fonctionnent plutôt bien.
Dans le cas fort improbable ou je devrais un jour engager un autre chauffeur, rappelez-moi d'exiger qu'il soit non-fumeur...

Le nouveau trimestre à vu arriver une foule de nouveaux expats, très facilement repérables. Ils errent au supermarché d'un air hagard et de plus en plus désespéré, à la recherche de denrées essentielles introuvables, cassonade, pâte à tartiner aux marchmallows  (ça c'est parce qu'ils ne cherchent pas bien ... il y en a, et ne me demandez pas à quoi ça sert!) ou lingettes à argenterie. 
L'association des parents de l'école a organisé tant de coffee mornings d'accueil que nous sommes bons pour une sérieuse détox de caféine, on a répondu à une multitude de questions (sensées et moins sensées -j'ai vexé une dame qui m'appelait pour avoir les coordonnées de Jenny Lou, quiavait-elle entendu, a plein de bons filons. J'avais beau lui répéter que Jenny Lou est une chaîne de supérettes, elle n'en démordait pas, elle voulait rencontrer cette fameuse Jenny et si je ne voulais pas partager les coordonnées elle trouverait bien un autre moyen. Soit.) J'ai surtout rencontré plein de gens sympas, intéressants, curieux. J'ai essayé le mieux possible de me souvenir comment je m'étais sentie en débarquant il y a trois ans. Le temps à filé et pourtant j'ai du mal à m'imaginer que ce petit monde si familier aujourd'hui était alors le grand inconnu inquiétant. Heureusement qu'on n'est jamaisau bout de ses surprises dans l'Empire du Milieu!






 

http://www.foreignpolicy.com/articles/2012/01/18/smog_beijing_pollution_photos#10

5 décembre 2011

Midnight in Peking

Non ce n’est pas le récit de mes folles nuits de Chine , mais le titre du livre découvert grâce à mon tout nouveau « Bookclub » . En effet pour compléter ,on profil de TaiTai il me fallait un club de lecture (bon pour prétendre au titre de parfaite TaiTai il faudrait aussi jouer au tennis et là –malgré ma solide expérience de ramasseuse de balles- il y a peu de chances que je m’y mette). Midnight in Peking est l’enquête fascinante menée par l’auteur Paul French sur un sordide fait divers survenu à Pékin en 1937. Par un matin d’hiver glacial comme on les connaît dans cette ville, un chauffeur de rickshaw découvre au pied de la “fox tower” le corps atrocement mutilé de Pamela Werner, une jeune anglaise. A la veille de l’invasion japonaise, à l’avant-veille des bouleversements que connaîtra la Chine, l’affaire est étouffée et reléguée aux oubliettes pendant des décennies, jusqu’à ce que l’auteur tombe dessus par hazard et decide d’y consacrer un livre. L’histoire se déroule principalement dans le Pékin de l’avant-guerre, dans le quartier dit des legations et ses alentours immédiats. Lundi matin notre groupe de lectrices avait decide de se promener dans les pas de Paul French, à la recherché du Pékin de l’époque. Etrange ballade dans cette ville qui a connu depuis les JO de 2008 une explosion immobilière précédée d’un ratissage des anciens quartiers. Comme par miracle la rue où vivaient les Werner existe toujours, même si on a eu beau l’arborer, on n’a jamais retrouvé la maison. Quelques hutongs plus loin nous arrivons au pied de la sinister Fox Tower où fut découvert le corps. Cette tour faisait partie des murs d’enceinte de la ville que les habitants de Pékin ont découvert avec étonnement il y a une petite dizaine d’années quand furent abattus les hectares de hutongs qui avaient poussé tout le long. C’est aujourd’hui un très agréable lieu de promenade le long du second ring périphérique (Pékin en compte six), où on croise surtout des vieux Pékinois promenant des bébés aux culottes fendues ou des oiseaux en cage. Derrière l’enceinte se trouvaient à l’époque de Pamela les “Badlands” quartiers malfamés où attérissaient une foule de russes blancs fuyant le régime soviétique mais sans le sou ou encore des chinois peu scrupuleux prêts à tous les excès pour se faire de l’argent. C’est de nos jours un quartier de hutongs qui ressemble à tant d’autres avec ces toilettes publiques affichant des mises en garde pour le moins alarmistes et ses bouchers étalant de la viande . . . de chien. Là je fais la blasée qui en a vu d’autres mais j’admets que c’est la première fois que j’en vois si ouvertement, d’ailleurs si j’avais eu le moindre doute la vendeuse s’est empressée de confirmer qu’il s’agissait bien de “gow row” ! Quelques rues plus loin nous entrons dans le quartier des legations, ancien quartier d’expatriés étonnament bien conservé. Le quartier était à l’époque fermé et très protégé, et on ne peut que faire la comparaison avec la vie dans les compounds actuels. Scène épique quand nous arrivons devant la maison où vivait le supposé coupable, notre groupe observant avec horreur la façade comme si le meurtrier allait bondir de la fenêtre, comparant avec les photos du livre et discutant avec animation finit par intriguer deux chinois passant par là. Ils nous ont d’abord pris pour des détectives amateurs à la recherche d’un meurtrier en liberté, mais quand ils ont enfin compris que si meurtrier il y avait eu il était mort et enterré depuis belle lurette, ils ont éclaté de rire puis fascinés ont commencé à prendre des photos des pages de nos livres, de nous avec les livres, des livres devant l’immeuble, bref l’histoire dans l’histoire !
31 octobre 2011

Dur Dur ...

Dur dur la vie de TaiTai …

Aujourd’hui je joue à « Retour à la dure réalité », comprenez je suis seule à la maison sans Ayi (partie en formation premiers soins) et sans chauffeur (parti la conduire et en congé en vue d’une semaine prochaine bien chargée).

Et non je ne vais pas venir me plaindre de l’épreuve insurmontable que représente   le rangement de la cuisine ou la mise en route de lessives, je n’ai pas trop perdu la main et j‘apprécie même ma solitude. Enfin j’appréciais car un coup de sonnette inopiné est venu déranger le calme inhabituel et c’est là que je me suis souvenue qu’Ayi est non seulement notre fée du logis, nounou, babysitter, homme –enfin femme- à tout faire et bien plus, mais aussi mon interprète…

Deux ouvriers, des seaux et tout un charabia auquel je ne comprends rien,   ils s’énervent et me demandent d’appeler Ayi, quand ils comprennent qu’elle n’est pas là ils me regardent comme une extraterrestre car quelle TaiTai sensée resterait chez elle sans Ayi ? Enfin bref deux minutes plus tard ils étaient en train de démonter ma porte d’entrée. Je suppose que ça a un lien avec ma demande de nouvelles serrures (pendant que j’écris l’un des deux traverse le salon en chaussettes et s’attaque à la porte arrière – dire que je parlais de solitude …) mais je ne peux que supposer !

 

A part ça depuis notre retour de vacances tout va plutôt bien.

 

J’ai décidé qu’il était grand temps d’approfondir mes connaissances culinaires asiatiques car si après trois ans à Pékin  mes capacités se limitent à rajouter du gingembre et de la sauce soja dans n’importe quel plat bien belge, je risque de perdre ma réputation d’amateur des fourneaux !

Après mes cours dans le Yunnan je m’étais donc inscrite la semaine dernière à un cours de cuisine du Sichuan, mon palais avait eu le temps de se remettre de notre escapade épicée à Chengdu. Jacky m’avait déposé un peu inquiet par la dernière lubie de Madame-Eu (=moi) au coin du Shique Hutong, dans le centre de Pékin. Un vrai hutong, comme il en reste de moins en moins suite au ballet incessant des bulldozers dans cette ville, et non pas un hutong retapé à la mode avec des boutiques dernier cri. Véritable dédale de ruelles et de maisonnettes, labyrinthe de cours intérieures et échoppes, petits marchands ambulants qui s’annoncent en criant et vieillards jouant au mahjong sur le trottoir, je finis par y découvrir la porte rouge qui abrite la Hutong School.P1010722

Notre prof pour la matinée commence par nous expliquer les ingrédients, différents piments, sauces en tous genres et condiments non identifiés jusqu’ici. L’astuce de la cuisine au wok est de tout avoir découpé et préparé à l’avance, puisqu’une fois dans le wok la cuisson ne prend tout au plus que quelques minutes. Jusque là ça va, je  suis. Puis elle se lance dans une explication enthousiaste sur l’indispensable équilibre Yin-Yan dans l’univers , la vie, le corps humain et notre assiette. Après plus de deux ans en Chine ce discours m’est quand même plus ou moins familier, mais quand elle tente de nos convaincre que vu la minorité d’hommes dans la pièce il va falloir cuisiner plus de bœuf (ou de soja, ou de racines de lotus, je ne sais plus), j’avoue que j’ai un peu plus de mal … Enfin je sais ce qu’il me reste à faire la prochaine fois que mon cher et tendre part en voyage !

Quelques  jours plus tard tout autre programme, une mission économique amène le prince Philippe et la princesse Mathilde à Pékin. Grâce à l’insistance des diplomates de l’ambassade de Belgique les Belges de Pékin sont invités à plusieurs événements durant leur séjour et chacun se prépare à sa façon. Je discute robe et chaussures avec mes copines, les enfants parlent carrosses et couronnes. Grosse déception de Margot et Paul d’ailleurs quand Jeanne leur a affirmé qu’il n’y a que les princesses de dessin animé qui ont des couronnes. Devant l’air déçu de sa sœur elle a ensuite tenté de se rattraper en expliquant que de toute façon ce serait bien trop inconfortable dans l’avion ! Ces enfants voyagent trop …

Enfin dimanche après-midi les enfants et moi arrivons pimpants au musée d’art contemporain où le prince et la princesse devaient inaugurer une exposition et assister à une représentation de danse contemporaine. Protocole et sécurité obligent nous étions assis une heure avant l’arrivée royale, ce qui m’a valu un concert de « Z’ai soiiiiiiiiif, z’dois faire pipiiiiiiiiiii, c’est quand qu’elle arrive dis maman la princesse hein dis ? Et sa voiture elle est quelle couleur et comment tu sais ?? ».

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Tant et si bien que quand enfin ils sont arrivés (on se serait cru à une réunion Saint Nicolas chez les lutins, l’excitation monte monte monte, ils sont là ah non quand même pas mais là j‘entends quelque chose et regarde tout le monde bouge vers là-bas) Margot qui était assise juste derrière la princesse (enfin juste derrière les VIP qui étaient juste derrière elle, vous suivez ?) a crié bien fort « Maman je ne vois pas la danse il y a la dame blonde devant moi ! » et Paul était inconsolable parce que la princesse bien elle n’était pas là, pas une seule couronne à l’horizon ! Le lendemain soir à une soirée nettement moins rocambolesque puisque sans enfants un parfait inconnu est venu me remercier pour le spectacle de la veille, non pas sur scène mais dans la salle !

Enfin conclusion la princesse elle est jolie, élégante, charmante, intelligente, gentille, tout le monde était sous le charme, même s’ils feraient bien de revoir le protocole et de lui imposer la couronne en toutes circonstances !       

 

Après la semaine conte de fée il y a eu la semaine sorcière, Halloween oblige, et fidèle à ma réputation je me suis transformée cette année non pas en momie mais en sorcière, rousse s’il-vous-plait. Comme chaque année les parents ont monté une pièce pour les enfants et leurs institutrices, grand succès et beaucoup de fou rires, même si après quatre représentations j’étais complètement Iggety-Ziggety-Zaggety-Zoom (et j’offre une citrouille à celui qui reconnaît l’œuvre hautement littéraire sur base de cette citation !).

Room on the broom

Ce soir c’était Halloween dans le compound et son défilé de petites sorcières, bébés déguisés en citrouilles et autres vampires. Les enfants sont rentrés ravis et épuisés avec des stocks de bonbons à faire d’évanouir n’importe quel dentiste.

 

Après les princesses et les sorcières je vais maintenant pouvoir me concentrer sur le bal de l’école, qui ara lieu début mars. Trop tôt pour le préparer mais on attend d’un jour à l’autre la décision quant à l’œuvre qui sera bénéficiaire (et les montant en jeu sont importants …). J’ai proposé de soutenir Morning Tears, une association créé ici par un Belge il y a quelques années. Ils s’occupent des enfants de prisonniers parfois condamnés à mort, en leur offrant un cadre familial, une éducation la plus normale possible et la possibilité de rendre visite à leur parent, voire de lui faire des adieux en cas de condamnation. Dans plus de 50% des enfants dont ils s’occupent il s’agit d’un des deux parents ayant tué l’autre pour échapper à une violence conjugale sans issue, et l’enfant se retrouve donc tout à fait seul, sans aucun de ses deux parents, le plus souvent rejeté par le reste de la famille. Ses enfants sont parfois retrouvés abandonnés sur le lieu du crime après l’arrestation du parent, ou errant autour de la prison où ils ont vu entrer le parent qui leur reste. Morning Tears tente de leur rendre leur enfance, de leur rendre un sourire. Avec le bénéfice du bal, ils pourraient aménager les deux nouveaux centres familiaux qu’ils construisent afin de pouvoir répondre à la demande grandissante. La décision devrait tomber d’un jour à l’autre, croisez les doigts !

11 octobre 2011

Yunnan nous revoilà

Yunnan, nous revoilà !

 

Sachant qu’il ne nous reste vraisemblablement plus que quelques mois en Chine, nous avions hésité à retourner au Yunnan où nos avons déjà été deux fois, alors qu’il y a encore tant d’autres endroits à découvrir.  Mais au moment où nos avons franchi le seuil d Linden Centre à Xizhou, on a su qu’on avait fait le bon choix . L’endroit est toujours aussi paisible et magique.

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Cette fois-ci nous découvrons  le village sous les couleurs d’automne, jaune comme les récoltes  dans les rizières qui battent leur plein. On les observe du haut de la terrasse qui domine les environs, puis on se ballade dans le village, avec l’agréable impression de revenir dans un endroit familier, même à l’autre bout du monde. En rentrant les enfants se lancent avec les fils de Brian et Jeannee dans un combat de Kung-Fu acharné.

 

Brian et Jeannee et leurs deux fils de douze et quinze ans vivent ici à l’année. Ils se sont lancés dans une aventure assez risquée, mais qui s’avère une belle réussite. D’une demeure Bai (minorité ethnique importante au Yunnan) traditionnelle ils ont fait un hôtel sans rien changer aux structures d’origine, si ce n’est l’ajout de salles de bain. La plus grande des prouesses est certainement d’avoir obtenu et maintenu les autorisations tant il est inhabituel pour des étrangers en Chine de mener à bien ce genre de projets.

Au-delà de l’aspect hôtel, ils ont réussi le pari de s’intégrer dans ce petit village perdu au fin fond d’une province chinoise, et en plus d’y attirer des visiteurs toujours plus nombreux, impatients de découvrir les richesses innombrables de cette région.

A chacune de nos visites nos avons eu l’impression d’être invités chez des amis qui prenaient plaisir à nous faire visiter leur région. Car Brian et Jeannee sont des passionnés qui connaissent les coins et recoins de la région et sont amis avec chacun des villageois.

 

C’est ainsi que ce matin ils nous ont emmené à ne cérémonie au village voisin. Il s’agissait de s’assurer de la protection du village en apportant à sa frontière les tablettes représentant les dieux locaux. En arrivant a temple d’où il fallait sortir ces tablettes, nous y sommes accueillis en invités de marque. Très vite un attroupement de femmes se forme autour des enfants et moi quand elles réalisent qu’ils sont tous frères et soeurs. Puis elles remarquent le bracelet en jade que Jean-Michel m’avait offert lors d’un précédent voyage au Yunnan. Elles en portent tous et commencent à le comparer pour en arriver à la conclusion qu’avec quatre enfants j‘en avais bien mérité un si beau. Franche rigolade entre femmes de cultures et langues on ne peut plus différentes.

 

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Là-dessus le cortège se met en route. Les femmes arborent leurs plus beaux costumes et portent des offrandes à travers le village pendant que les hommes font sauter des pétards pour faire fuir les mauvais esprits. Arrivés aux confins du village la procession s’immobilise pour une cérémonie d’offrandes devant les plaquettes. Pendant que je filme, Paul qui commence à avoir faim s’élance sur les plaquettes sacrées derrière lesquelles il a repéré des pommes et des bananes, l’en-cas parfait ! Avant le sacrilège ultime j'arrive heureusement à rattraper le chenapan.  Dès la fin de la cérémonie mes nouvelles copines m’inondent de beignets aux couleurs inquiétantes, loin loin des critères de sécurité alimentaires occidentales …

 

L’après-midi changement de programme, nos partons pour une plantation de thé. Le Yunnan est très fier de son pu-er, thé fermenté délicieux qui comme le vin a des millésimes et peut se consommer jusqu’à plusieurs décennies après sa récolte. Il est très savoureux …sauf quand je le prépare à la maison où dans le meilleur des cas j’obtiens un jus de poussière. J’ai bien l’intention d’éclaircir ce mystère aujourd’hui !

Première étape , la cueillette. Chacun a une hotte sur le dos et s’applique à ne cueillir que les pousses vertes et tendres. Aux pieds de l’Himalaya se retrouver à cueillir du thé est une expérience hors du commun et les enfants adorent. Ensuite nos grimpons un peu plus loin dans la montagne jusqu’à une superbe cascade (dans laquelle les garçons manquent de glisser, mais ça c’est une autre histoire).

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A notre retour commence le vrai boulot. Les feuilles sont d’abord séchées dans une grande poêle, puis roulées dans les mains pendant une bonne demi-heure avant de repasser dans la poêle. Une heure plus tard nos avons en main le résultat de notre cueillette prête à la consommation. Quand nous passons à la dégustation j’apprends que mes déceptions gustatives peuvent avoir autant de causes qu’on ne trouve de feuilles de thé dans ne théière … je ne suis pas sortie du hutong! Ca peut tenir à l’eau utilisée, sa température, le fait de rincer ou non le thé avant de le faire infuser, de jeter ou non la première voir seconde eau, l’endroit où on se trouve, l’âge du thé (et du capitaine je suppose), bref …

La Chine est le berceau mondial du thé, toutes les plantations ailleurs dans le monde (Inde, Sri Lanka) ont comme origine des plants chinois.

Toujours est-il que nous rentrons très fièrement avec notre thé home-made que nous gardons pour Valentin, grand amateur de thé dont c’est l’anniversaire aujourd’hui ! On est très loin du fade petit sachet jaune !

 

Si nous croyions bénéficier d’un repos bien mérité après une telle journée, c’est raté car dès la fin du repas  nous partons à la chasse …aux sauterelles dans les rizières. Ca semble assez courant comme activité en cette saison car les champs sont parsemés de petits points lumineux comme autant de chasseurs armés de lampes de poche. Ces braves bêtes seront frites et servies en délicatesse au petit déjeuner, avis aux amateurs ! Ceci étant plaise au ciel que je n’aie jamais à survivre sur n régime de sauterelles car je ne suis franchement pas douée … (mais j’ai goûté courageusement, pas mauvais du tout !)

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Vendredi matin Jeanne et moi suivons un cours de cuisine qui commence par le marché de Xizhou (où nous rencontrons des vendeuses de sauterelles frites à tous les coins de rue). Entre les têtes de cochon et les œufs de cent ans nous dénichons les ingrédients nécessaires à la préparation du repas de midi, dont mon fameux légume mystère d’il y a deux ans pour ceux qui se souviennent. Je repars moins bête, ça s’appelle d « lettuce root », de la racine de laitue. Une heure de découpe et de wok plus tard, après une savante alchimie de vinaigre de riz, poivre du Sichuan et sauce soya, toute la famille déguste une salade chinoise de concombres et un poulet gongbao qu’on retentera dès Pékin !

 

L’après-midi se passe en ballades dans les rizières a gré des rencontres avec les villageois qui récoltent et les enfants qui courent dans les rigoles poursuivant les sauterelles (rassurez-vous, de ce qu’on a vu l’espèce est loin d’être en voie de disparition). Fatigués on arrête une carriole pour aller faire n tour chez les brocanteurs du village, d’où on revient chargés de souvenirs. Brian qui nous accompagne chez l’un d’eux est ravi de nos trouvailles. Grand expert en art asiatique, il arpente à longueur d’année les greniers et arrière-cours des villageois à la recherche d’objets destinés en partie à leur galerie à Chicago mais surtout à la décoration de leur maison d’hôtes où Jeannee et li regardent en souriant les enfants jouer au base-ball dans la cour entre les vases et statues vieilles de plusieurs siècles.

 

Dernier jour de vacances déjà et nous sommes pris d’une flémingite aigue ! On la soigne avec application du haut de la terrasse et en se baladant dans le village où on reconnaît de plus en plus de têtes connues, tous nos amis de la semaine. Une dame nous invite à la suivre chez elle et nous offre un plateau de fruits tout en nous expliquant en détails son arbre généalogique –enfin on croît. Je me mets à rêver d’une vie de villageoise au fin fond de la Chine, à vivre au fil des saisons. Ca doit être l’effet Xizhou, qui représente pour nous la Chine sans tous les aspects qu’on n’aime pas, une parenthèse bienvenue.

 

Cette fois-ci les vacances sont bien terminées, cap sur Pékin !

 

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