Ouf, nos volcano-refugees ont pu regagner le plat pays sains et saufs après quelques jours de vacances bonus! Nous ne nous en plaignions pas, plus on est de fous plus on rit, et plus ça se prolonge plus on en profite, mais ça devenait un peu stressant quand même.

Pour les vacances de Pâques nous avons eu la visite de mon filleul Valentin, qui voyageait tout seul comme un grand, ainsi que d'un copain de classe d'Arthuraccompagné de sa famille.

Les vacances ont été un joyeux cocktail de découvertes, de visites, de fou-rires, de jeux, de papotes, de restos, de retrouvailles, de grandes tablées, d'excursions,...
La première semaine les enfants étaient en vacances et étaient ravis de faire découvrir leur environnement à leurs amis. Ca nous a menés de la grande muraille à la cité interdite (avec sept enfants qui avaient décidé que c'était leur camp et qu'il fallait le défendre contre les envahisseurs)

Je croyais les enfants trop concentrés sur leur jeu pour entendre mes histoires d'apprentie-guide pour amis-touristes-de-passage quand une petite voix insistante s'est élevée "mamaaaaaaaaaaan, c'est quoi les eunuques?", rejoint dans la seconde par au moins trois autres, "oui c'est vrai, c'est quoiiiiiiiiiiiiiii, ils faisaient quoiiiiiiiiiiiiiiii" ? Bref dorénavant j'adapterai mes histoires ...

De la cité interdite au palais d'été (par bateau, ça aurait été parfait sans la guide qui se sentait obligée de commenter le moindre bâtiment en hurlant en chinois), en passant par le temple du ciel, le centre Ullens et Yashow, bref tout ce que le parfait visiteur se doit d'avoir vu à Pékin. Jacky a bien veillé à l'animation en ne trouvant jamais la rue où on avait rendez-vous (fidèle à sa réputation) ou en accrochant le rétroviseur d'un nationaliste fanatique (et ivre) qui hurlait qu'il allait nous montrer ce qu'étaient les lois dans la peoooooooooooooooooooooooople repuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuublic of Chiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiina ... nous on lui demandait surtout de nous montrer où on avait accroché sa voiture mais bon.

Mercredi soir nos amis ont pris le train pour Xian d'où ils partaient faire un tour de l'Empire du Milieu. De notre côté nous avons d'abord visité une expo du chocolat (80 tonnes de chocolat ... belge!) montrant la grande muraille et les soldats de Xian ... en chocolat (et non, malgré qu'on y a été le dernier jour, on n'a pas pu goûter ...)
Le we nous avons mis le cap sur Datong avec une autre famille de belgo-pékinois. Quand on dit à des chinois qu'on va passer le weekend à Datong, ils vous regardent avec le même air ébahi que prendrait un bruxellois à qui un touriste dirait qu'il se réjouit de passer son weekend à Charleroi. Mais je devrais peut-être aller visiter Charleroi cet été, car si de prime abord Datong est tout à fait abominable (l'industrie du charbon prédominante couvre toute la ville d'une épaisse couche de poussière, on voit en permanence des trains interminables carriant une bonne centaine de wagons remplis de charbon quitter la ville, bref le paradis en Chine ... ) on y a vu des merveilles.
C'est vrai qu'il faut le mériter ... on (non, je ne dénoncerai pas "on") nous avait vendu 3-4 heures de route, on a mis ... 5-6 heures. Un long trajet sans le moindre resto-route ou même la moindre échoppe à l'horizon, pour enfin arriver au "monastère suspendu"

Un cauchemar pour toute personne souffrant du vertige, c'est une construction halucinante, qui semble avoir été épinglée à la falaise, soutenue par des piquets ridiculement fins. Du parking ça semblait épouvantable (oui, j'ai le vertige, même debout sur une chaise ...), mais de l'entrée du site nettement moins, je me suis donc laissée avoir, pour me retrouver très vite à ramper pratiquement à quatre pattes à travers cette merveille. Parce que même cauchemardesque ça reste une merveille. Je ne sais pas ce qu'avaient fumé ceux qui se sont réveillés un jour en se disant qu'ils allaient suspendre ce monastère à cet endroit incongru, mais le résultat est époustouflant.
Le lendemain matin c'étaient les grottes boudhistes qui étaient au programme. On avait compté largement la matinée pour visiter l'endroit, mais c'était compter sans le goût de l'aventure de Jacky qui nous a trimbalés à travers toute la banlieue de Datong. Soit dit en passant, si quelqu'un veut une image de la Chine industrielle, c'est l'itinéraire idéal.

Mais les grottes valaient très largement le détour ...

C'est un ensemble de plus de 250 grottes dans lesquelles ont été sculpté des statues de Bouddha, des grandes, des petites, des colorées, des neutres, fabuleux.

Les deux sites étaient vraiment exceptionnels, tant par leur beauté que par leur conception. On a déjà vu beaucoup de très belles choses en tous genres ici, mais nos deux visites du weekend étaient tout à fait hors du commun. Donc oui ça valait les très nombreuses heures de route, tant à l'aller qu'au retour, le très sérieux coup de stress quand on a failli tomber en panne d'essence et les 103 reprises en choeur de "Mon coq est mort".

Notre escapade sonnait déjà la fin des vacances pour nos quatre têtes pas si blondes que ne le croient les chinois, donc reprise du chemin de l'école dès lundi matin. Pour Valentin et moi commençait notre semaine "marraine-filleul" dont on se réjouissait depuis plusieurs mois. Et on en a bien profité! De visites en restos, cérémonies du thé en bonne et due forme, ballades en pousse-pousse dans les hutongs avec un chauffeur-pédaleur qui répétait inlassablement "quand il y en a deux, il y en a quatre, car quand il y en a quatre, il y en a trois ..." (jamais compris ce qu'il voulait dire, mais plus il le disait plus on riait), exploration du marché, discussions, la semaine a passé à toute vitesse et on n'avait pas encore fait la moitié de ce qu'on aurait voulu faire que l'heure des bagages était déjà venue.

Vendredi matin nos amis sont revenus de leur tour de Chine, enchantés et fatigués. Dernière journée bien remplie néanmoins, dernières courses, et une visite surprise à l'école d'Arthur qui avait gagné assez de "merits" (sorte de bons points) pour obtenir son certificat de bronze. On ne voulait pas rater la remise de cette récompense bien méritée, et Arthur ne s'attendait pas à un si grand et enthousiaste groupe de supporters!

On rigolait d'un certain volcan qui faisait des nuages empêchant de rentrer en Belgique en faisant des programmes de massages et autres réjouissances pour la semaine suivante, jusqu'à ce que le verdict tombe, vol annulé. Nous nous sommes précipités à l'aéroport pour avoir plus de détails, pour s'entendre dire que le premier vol possible était neuf jours plus tard. Ca semblait tellement absurde qu'on y croyait pas du tout et nous avons quitté l'aéroport avec la ferme intention de faire intervenir le ban et l'arrière-ban pour régler ça ... sans se douter que même l'arrière-ban ne pouvait pas détourner les nuages de cendres!
Les jours suivants étaient épiques, chacun y allait de son récit rocambolesque, l'ambassade lançait des appels au secours pour faire héberger les "réfugiés du volcan" qui campaient depuis plusieurs jours à l'aéroport et on vérifiait internet plusieurs fois par jour.
Mais soyons francs, ce fameux nuage nous a valu d'excellents moments.
Dimanche avait lieu le l'annuel "family-hike" des Great Wall Hikers dont fait partie Jean-Michel, auquel nous avons tous participé. Jacky a tenté de nous arrêter, quand il a vu d'où on comptait partir, il s'est empressé d'appeler la secrétaire de Jean-Michel qui elle nous a rappelé pour nous dire que ce n'était absolument pas adapté à une ballade en famille ... Ils n'avaient pas tout à fait tord. Même si nous étions bien guidés, c'était hardu, pentu, et hasardeux. On a escaladé la muraille en s'agrippant aux branches et en sautant d'un caillou à l'autre, tout ça avec sept enfants. Mais c'était splendide, une vue imprenable, une excellente ambiance et en fin de journée pour tous un sentiment de grande fierté, on l'a fait!
On a aussi fait découvrir à nos "volcano-refugees" le vrai canard laqué, celui qui se cuisine dans des hutongs cradingues et se déguste sur des nappes collantes. Les enfants ont eu une initiation au kungfu et aux bricolages chinois et on avait encore beucoup de projets quand tout d'un coup un vol a été rajouté mercredi.

La fin de l'aventure a été quelque peu stressante, il fallait se décider, en réservant sur ce vol suppémentaire on perdait les réservations sur les vols suivants, la compagnie aérienne ne pouvait pas garantir que le vol d'hier partirait, ni que celui de samedi serait maintenu, ni qu'il irait vraiment jusqu'à Bruxelles, ni qu'il y aurait de la place ... Puis il a fallu faire le forcing pour que Valentin puisse monter à bord, puisqu'il est mineur et voyageait comme "mineur accompagné" mais que tout le personnel semblait bien trop préoccupé pour accompagner qui que ce soit. J'avais le coeur serré en le laissant à la douane (lui tentait de nous faire rire en me rappelant que quand il y en a deux, il y en a trois) Enfin il y a eu l'erreur informatique qui le mentionnait comme ne s'étant pas présenté à bord, sans que personne ne puisse nous dire où il était sensé se trouver. Mais bon tout est bien qui finit bien, tout le monde est rentré sain et sauf, laissant un grand vide ici mais tellement de bons souvenirs.

Le récit de ses dernières semaines ne serait pas complèt sans des nouvelles de notre animalerie. Le premier lapin a très rapidement rejoint le paradis des lapins, non pas comme on aurait pu le craindre des suites d'une crise cardiaque dans le bus Fisher Price, mais d'une overdose de carottes. Les lapins de nos jours ... Mais je n'ai littéralement pas eu le temps de dire à Jacky que bien qu'on soit très tristes il ne fallait pas le remplacer qu'il revenait avec un tout aussi petit lapin que le premier, en m'expliquant que celui-ci était en très bonne santé. Au premier coup d'oeil il était surtout très moche, blanc tacheté de noir. Première réaction des enfants "Maman pourquoi tu as peint le lapin?". Mais en effet celui-ci a l'air costaud et rigolo. Il se ballade donc dans la maison, grignotte mes chaussures et on se surprend tous (oui tous) couchés par terre à essayer de le faire venir ou à lui raconter des histoires. Il répond au joli nom de Milou et pousse comme une mauvaise herbe. Jacky, fier de son succès, a tenté de nous faire adopter une abominable petite souris blanche, mais j'ai heureusement pu compter sur l'appui de Yuan sur ce coup-là, qui a expliqué aux enfnats que les souris c'est méchant et ça mange les lapins. Résultat la souris a été offerte dès le soir-même à Madame Jacky, qui paraît-il est ravie du cadeau ...
Aux dernières nouvelles nous avons également un chien et une colonie de souris. Personne ne les a jamais vus mais Paul aboie avec conviction devant l'armoire à biscuits depuis que Yuan lui a expliqué qu'on ne pouvait pas ouvrir cette armoire (on a dû mettre le hola, Jacky et elle gavaient Paul de sucreries derrière mon dos), puisqu'un très méchant chien habite à l'intérieure de cette armoire très convoitée. Et dans l'armoire sous l'évier où se trouvent les produits de nettoyage, il y a plein de méchantes souris qui mordent les doigts des enfants. Je suppose que c'est une pédagogie toute orientale?

Sinon nous avons le grand plaisir de vivre l'hiver le plus long depuis 1970 ... je me souvenais d'un délicieux printemps l'an dernier, cette année il fait froid, brumeux, pollué et humide. Espérons un bon coup de vent cette nuit pour remettre de l'ordre dans tout ça avant que n'arrivent les vacances d'été?

Volcano-refugees

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