Il y a des caps à ne pas franchir, et six mois sans donner de nouvelles en est un. D’autant plus que ce n’est pas par manque de sujets d’inspiration, loin de là ! Le destin du blog a frappé cet après-midi quand prise d’un besoin pressant, j’ai été rendre visite aux toilettes d’un centre commercial à Sanlitun. Les âmes sensibles peuvent continuer à lire sans aucune inquiétude, pas de récit gore sur les lieux d’aisance, au contraire, l’endroit était singulièrement propre. Par contre j’ai été prise d’un fou-rire en voyant ceci :

Don't step onto the WC please

J’avais déjà entendu dire qu’on trouvait souvent des traces de chaussures sur les lunettes des toilettes, les chinois habitués aux toilettes dites turques se trouvant parfois perplexes devant « nos » toilettes !

Après cette joilie entrée en matière, qu’avons-nous fait les (presque) six derniers mois ? Enormément de choses, c’est d’ailleurs une de mes circonstances atténuantes pour ne pas avoir donné de nouvelles.

D’abord il y a eu début mai la visite de mes parents et de ma sœur. Autant j’étais ravie de les voir arriver et de pouvoir leur faire découvrir notre pays d’accueil et notre façon de vivre ici, autant j’étais inquiète de leur réaction, car ils venaient clairement que pour nous voir, n’ayant aucune attirance pour la Chine (du moins pour mes parents, ma sœur étant déjà venue en Chine il y a quelques années). La Chine c’est sale, ça sent mauvais, on ne comprend rien, on y mange du chien sans le savoir, on crache parterre, bref … Eh bien ils ont adoré … du Temple du ciel à la Cité interdite, de Beijing Riviera à l’école des enfants, en passant par les hutongs, les marchés, les restaurants, la silklady, la leatherlady, les canards laqués, le tobogan de la grande muraille, ils ont tout fait et en redemandaient (enfin peut-être pas du tobogan en ce qui concerne maman). Ils ont même découvert, pour revenir au premier sujet, les toilettes étoilées à la Cité interdite :

Et même si leur retour a été épique, la cuisine de l’avion ayant pris feu, ils semblent en garder un excellent souvenir, et de gros albums photos remplis de souvenirs !

Ensuite il y a eu le carrousel des activités de fin d’année, les départs des amis pour d’autres horizons, les festivités en tous genres, brocantes, barbecues, fêtes internationales, tout ça a fait que nous n’avons pas vu passer le temps avant les vacances.

A signaler quand même le weekend que nous avons passé à Chengde, ville située à deux heures de route de Pékin, même quand Jacky conduit. Chengde était l’une des résidences d’été des empereurs et comme généralement ils étaient bien avisés dans leurs choix, l’endroit nous semblait idéal pour un weekend qui s’annonçait étouffant. Et en effet, le lieu est frais et aéré, et nous avons passé un excellent samedi après-midi à nous balader dans le parc du palais d’été, sorte de mini-Europe chinois d’époque, les empereurs y ayant reproduit toute une série de monuments chinois célèbres, des temples, des pagodes et même la grande muraille. Des vieux monsieurs y promènent leurs oiseaux en cage, des enfants dansent à l’ombre, tout ce qu’il faut pour un beau parc chinois.

Le problème c’est que ce genre de ballade, ça creuse. Après un petit tour à l’hôtel nous décidons donc de nous rendre au restaurant conseillé par le Routard, fidèle compagnon de route. C’est là que Jacky entre en scène, incapable de trouver ne serait ce que le quartier en question. Après avoir tourné dans tous les sens (avec quatre enfants affamés et donc quelque peu nerveux), on décide d’entrer dans le premier restaurant convenable. Grave erreur … au menu, du gibier. Jusque là, on respire toujours, mais à regarder la carte d’un peu plus près, on change vite de couleur, intestins en sauce, oreilles frites, abats à tous les goûts, j’en passe et des meilleures, de quoi faire pleurer les enfants pendant des semaines sur le sort de ce brave Bambi. On se résoud à demander du riz dans notre plus beau chinois, meio, on a pas … de l’eau, meio … Beaucoup beaucoup de palabres et de gestes plus tard, après intervention de Jacky pour faire retirer du plat de poulet les meilleurs morceaux , à savoir les pattes, la crête etc, nous nous sommes retrouvés chez le voisin avec un repas plus ou moins acceptable à nos yeux de longs nez. Moralité, en terre inconnue, fiez-vous au Mac Do.

Quelques jours plus tard on rangeait les cahiers et on remerciait les profs, on chassait les derniers cadeaux authentiques à ramener en Belgique et déjà j’étais dans l’avion, laissant Jean-Michel à Pékin pour quelques semaines. Tout en appréhendant une longue séparation, j’avais hâte de rentrer, besoin de reconnecter avec la famille, les amis, car l’éloignement s’était fortement fait sentir, nous étions loin pour les décès, pour les naissances aussi, et ça m’allait loin, grand temps d’aller me ressourcer !

Le voyage s’est avéré nettement moins épique que l’an dernier, les enfants étaient sages comme des images, ce qui m’a même valu les félicitations du personnel de bord (bon d’accord notre voisin n’appréciait que moyennement les camions que Paul s’obstinait à lui envoyer dans les jambes mais soit), à Amsterdam ma crise de nerfs de l’an dernier avait porté ses fruits car toute une équipe nous attendait à la descente de l’avion pour nous mener à bon port, il n’y a que Zaventem qui s’est montré digne de sa réputation en refusant toute aide, tout soutien et en me faisant remaquer que franchement si mon seul « problème » était de voyager avec quatre enfants épuisés, je pouvais passer mon chemin, ils n’allaient pas se lever de leur chaise pour si peu. Pas faute d’avoir insisté ni de leur avoir fait remarquer qu’à ma connaissance de grande voyageuse ils étaient le seul aéroport au monde qui n’offrait pas une aide même minime à une maman seule … Margot qui avait un peu oublié qu’en Belgique on la comprend quand elle parle français a d’ailleurs demandé haut et fort pourquoi le monsieur n’était pas gentil avec nous, mais rien n’y a fait. Soit. Bienvenue en Belgique.

Ma sœur Annabelle nous a accueillie les premières semaines dans sa nouvelle maison, réalisant la prouesse d’héberger cinq personnes sans que personne ne se sente à l’étroit, nous mettant tous les cinq parfaitement à l’aise dans notre petit nid bruxellois. Le temps de rencontrer notre toute nouvelle petite cousine Juliette qui nous avait presqu’attendu pour pointer son joli petit nez, de revoir les grand-parents, de retrouver les amis d’école lors d’une superbe fête organisée par Anne-Sophie, d’aller embrasser les marraines, d’assister au baptême de mon filleul, de voir tous les médecins possibles et imaginables et de se faire vacciner en tous sens, de courir les magasins pour trouver tout ce qui se trouvait sur ma liste de courses longue comme la grande muraille (vermicelles en chocolat, marqueurs indélébiles, bas nylon à ma taille, chaussures pour les enfants, médicaments, pierres pour les dents du lapin (oui, il vit toujours), livres en néerlandais, téléphone fiable, matériel de patisserie, cassonade, savons bio, maquillage, jeux de société, …) et de commencer l’inévitable collection de cartes Delhaize !

Mi-juillet nous mettions le cap sur Wissant où nous retrouvions mes parents, trois semaines de grand air, soleil, cabanes, bricolages, plage, jardin, dunes, marchés, puis les retrouvailles avec Jean-Michel avant de mettre le cap sur « l’autre mer », Duinbergen pour encore trois semaines de fleurs en papier, quistax, glaces, digue, plage, vélo, voile, copains,…

Neuf semaines passées en un clin d’œil, et fin août nous revoilà dans la chaleur étouffante de Pékin, juste à temps pour la rentrée des classes. Nos presque 300 kilos de bagages sont arrivés sans encombres, même si on a eu des sueurs froides quand à l’arrivée un employé zelé a fait mine de vouloir fouiller nos sacs à la recherche de saucisses et de fromage … heureusement en voyant la file qui s’était formée derrière nous rien que le temps de passer notre quinzaine de sacs au scanner, il a vite renoncé. Jacky nous attendait à l’aéroport, à la gande joie de Paul, et à mon désespoir il n’avait pas perdu le cd de Michael Jackson durant l’été…Pour nous faire plaisir, il avait acheté au printemps ce fameux cd, qui a tourné en boucle pendant des semaines, pour le plus grand bonheur des enfants et au point de me donner de l’urticaire dès les premières notes de Beat it, mais il était tellement content de son coup que je n’ai toujours pas eu le cœur de lui mettre autre chose.

Arthur, Jeanne, Margot et Paul ont tous les quatre repris le chemin de l’école sans trop de problèmes, se remettant rapidement à l’anglais et au chinois. Arthur est entré en quatrième année à la junior school et a donc toujours sa petite indépendance en étant sur un autre campus que les trois plus jeunes. Jeanne fait maintenant partie des grands, car la deuxième année est aussi la dernière année de ce qu’on appelle les Early Years et qui accueille les enfants de 18 mois à 7 ans. Margot est très fière d’avoir rejoint sa sœur sur le campus des grands où elle entame sa dernière année de maternelles et Paul était ravi de retrouver son institutrice de l’année dernière en classe d’accueil, cette année sans pleurs ou cris, ce qui m’évite de passer toutes mes matinées à apprendre des chansons de canards ou à faire des découpages.

Ils ont un agenda de ministre, Arthur fait partie du club de jeux de société et fait du cross country, tout en s’entrainant sérieusement à la natation pour pouvoir rejoindre l’équipe de l’école dans quelque temps. Jeanne a repris le ballet, fait de la gym parce que sa copine en fait et nage, Margot pleure les jours où elle n’a ni gym ni sport et fait des jeux de balle, du ballet et de la natation. De plus Arthur a entamé le violon, instrument obligatoire cette année, et se réjouit parce que l’an prochain … c’est la trompette …

Quant à moi j’ai également repris le chemin de l’école, puisque j’ai été promue « campus rep des Early Years » ce qui en français normal veut dire … beaucoup de boulot. L’association des parents, qui est comme dans toutes les écoles anglo-saxones une véritable machine de guerre, a des délégués par tranche d’âge, qui coordonnent les délégués de classe. Bref beaucoup de réunions, de mails, de copies et de temps passé à l’école, mais c’est très sympa à faire. La preuve lundi prochain j’aurai le grand honneur de rencontrer Korky Paul (comment ça vous ne connaissez pas ? c’est un célebre auteur pour enfant), déguisée, et ce n’est pas mon idée, en Winnie the Witch, son personnage principal. La semaine d’après je participe à la pièce d’Halloween, déguisée en … mommie …

Sinon notre petite vie ici a repris son rythme de croisière. Jean-Michel a repris temporairement l’organisation du club de randonnée sur la grande muraille et a réussi jusqu’à présent à ne perdre personne en route. Il fait des progrès impressionnants en chinois, là où j’ai complètement abandonné, et mène des grandes discussions avec Jacky sur les différentes religions ou l’art de conduire à Pékin.

La pollution et l’insécurité alimentaire nous tracassent toujours autant. La semaine dernière nous avons une nouvelle fois atteint des pics de pollution terrifiants. Pour vous faire une idée, nous n’étions pas loin des 500 microgrammes de particules fines par mètre cube, alors qu’en Belgique on déclenche l’alerte pollution (avec interdiction de dépasser les 90 km heure sur les autoroutes) quand on dépasse deux jours de suite … les 70 microgrammes. Même si les mesures ne sont sans doute pas tout à fait comparables, il y a quand même de quoi s’inquiéter très sérieusement. Dimanche après-midi était irrespirable, et nous étions même soulagés d’entendre le bruit des canons à pluie qui envoient je ne sais quoi comme horreurs dans les nuages afin de « faire pleuvoir » et de nettoyer le ciel. Et en effet, après une grosse averse, lundi matin le taux de pollution n’atteignait même plus les 20 microgrammes.

Dans ce contexte nous étions enchantés la semaine dernière de découvrir la ferme de Teresa, à l’autre bout de Pékin. Teresa c’est un petit bout de bonne femme qui un beau jour a laché son job dans l’import-export alimentaire où elle a dû voir passer pas mal d’horreurs, pour se lancer, non pas sans difficultés administratives sérieuses, dans l’agriculture biologique. Elle fait ça depuis dix ans, et rayonne au milieu de ses chèvres et de son potager.

Elle livre aussi plus ou moins à domicile (pas tout à fait jusque chez nous,il va falloir que je trouve une astuce), ce qui m’a valu vendredi dernier deux énormes sacs de salades, poireaux, tomates … et une floppée de légumes tout à fait inconnus mais délicieux. Il y avait aussi un poulet …

Il faut savoir que la consommation de poulet est ici vivement déconseillée par les pédiatres, le taux hormonal étant tellement élevé qu’on assiste à des phénomènes inquiétants comme une puberté plus que précoce chez des gamines. Un poulet bio est donc une aubaine dont je me réjouissais, jusqu’à ce que j’ouvre le sachet et me retrouve nez à nez, enfin nez à bec avec un poulet certes plumé mais avec tête et pattes et pas vidé, ce qui est logique vu que les chinois considèrent ces parties là comme les meilleures. Yuan à qui j’avais lachement confié la tâche m’a répondu que « me no do » et était partie se réfugier derrière son repassage, j’étais donc plongée dans le Larousse culinaire et les blogs, appelant mes copines internet à l’aide, prête à aiguiser mon couteau quand Jean-Michel est arrivé et m’a réglé ça en un tour de main, me rappelant qu’il n’avait pas été para pour rien. Comme quoi ça mène à tout ! Ceci étant, le poulet était délicieux.

Jacky et Yuan nous réservent toujours autant de surprises. Jacky est arrivé tout content avec un cadeau de la part de sa femme, jugez vous-mêmes … Non ce n’est pas une robe de Barbie, mais une housse pour téléphone. Celle-ci est à Jean-Michel, j’ai la même en rose. Et je n’ose pas imaginer le temps que cette pauvre Madame Jacky a dû passer à ça. En tous cas ça a le mérite de beaucoup faire rire toutes mes copines.

Yuan quant à elle perfectionne son art de cacher les objets. Après avoir passé toute une soirée à chercher les pastilles pour lave-vaisselle, je les ai finalement retrouvé bien rangées … avec les bonbons. A sa décharge c’était la première fois que je trouvais des pastilles chez Jenny Lou, mais je n’ose imaginer ce qui se serait passé si elle avait une fois de plus enfreint l’interdiction de donner des bonbons à Paul derrière mon dos !

Nous avons aussi depuis cet été une famille belge tout près de chez nous, ce qui est vraiment très sympa, d’autant plus que deux de leurs trois enfants sont dans les mêmes classes que les nôtres. Ca donne des goûters de gauffres et des papotes en français ou néerlandais, ce qui nous change quand même des cupcakes et du thé au lait ! En plus, ils avaient eu la bonne idee de mettre dans leur container a notre attention un vrai balai, fini le balai de schtroumfs, une cage pour le lapin et meme notre luge!

Enfin pour les fanas de la meteo, il fait toujours beau, on commence lentement à sortir les pulls mais on dépasse les vingt degrés tous les jours. On en profite bien, car on n'a pas oublié que l'an dernier on était en pull le soir d'Halloween, et dans un mètre de neige le lendemain, grace à un lanceur de fusées un peu trop zélé1

Voilà, je n’ose plus dire à bientôt promis … mais nul doute que nous ne soyons pas au bout de nos surprises et découvertes !

Reprise du fil

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