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Vic & Co en Chine
9 mai 2009

Je m'intègre

Si, je deviens une vraie pékinoise. La preuve par excellence, j’ai dans mon portefeuille ma première carte de fidélité chinoise … Le genre de carte que je refuse systématiquement en Belgique, mais ici j’étais tellement fière que je me suis empressée de remplir le formulaire. Dès lundi notre boite aux lettres sera donc bondée de brochures en chinois, mais faut ce qui faut … Le magasin en question est un croisement chinois entre Ikea, Inno et Hema, les amateurs apprécieront! J’aurais pu demander une carte Decathlon, mais ça n’a rien d’exotique. Quant à ma dernière découverte alimentaire, ils semblaient déjà envisager la camisole de force, donc je me suis abstenue de leur parler de cartes de fidélité …
Mon guide sur le Pekin des initiés (Inside Beijing, à conseiller …) mentionnait une mine d’or pour les amateurs de graines et riz. Enfin si je dois en croire mon dictionnaire c’est le paradis des poubelles et des cuillers … soit …  Comme le pain ici est tout à fait insipide et que les magasins classiques (enfin classiques, c’est tout relatif) ne proposent qu’une fade farine blanche, je fais la farine moi-même à base de céréales, que je passe dans mon Thermomix magique (dont je vous parlerai certainement encore!). Jusqu’à présent j’achetais les céréales au magasin bio, par tous petits paquets et au prix de l’or. Jeudi j’explique donc à Jacky qu’on va aller en face de l’académie de médecine traditionnelle, dans le centre ville. On y arrive sans encombres, par contre pour faire comprendre à Jacky que je n’avais nullement l’intention de me faire soigner à l’Académie mais que je voulais aller en face, ça a été une autre paire de manches. L’adresse en question est située à la limite des hutongs (ce qu’Arthur appelle les “petits villages qui puent”, ce sont des ensembles de petites maisonnettes et de cours, les habitations traditionnelles, qui de plus en plus ont fait place aux grands buildings), une minuscule petite échoppe bondée jusqu’au plafond de graines, de riz et de denrées méconnues, du moins pour moi. Jacky n’était pas du tout d’accord de me laisser descendre, il secouait la tête en répétant “no good, no good”, mais il va finir par comprendre que quand j’ai une idée en tête… J’entre donc dans l’échoppe, après avoir enjambé un charmant vieillard qui se brossait les dents avec beaucoup d’application sur le pas de la porte. J’essaie de me faire comprendre, je montre ce que veux, la brave dame secoue la tête d’un air inquiet. Je vais chercher Jacky qui hésite entre la démission et un appel aux urgences psychiatriques, et je rejoins la dame, avec Paul sur le bras. Paul fait des miracles partout, et la dame commence à sourire. J’explique à Jacky que je veux acheter, il recommence à secouer la tête et appelle son copain, à qui j’explique que je veux acheter des céréales, le copain le dit à Jacky qui le dit à la dame qui s’exécute. Résultat des courses, quatre livres de céréales que j’espère comestible pour moins du prix d’une seule livre dans mon magasin bio, Jacky est consterné et la dame hilare. Bon je vous rassure, les céréales se sont transformées en farine, j’en ai fait du pain, on en a mangé et tout le monde va bien. Yuan par contre a rejoint le clan des consternés. Déjà elle ne comprend pas comment on peut avaler autant de pain, mais tant qu’à manger du pain, autant acheter ces trucs bien commodes emballés sous plastic au supermarché, si vraiment on veut faire son pain soi-même, on peut acheter de la farine, mais faire ce que je fais, franchement elle est tombée chez les fous …
D’ailleurs c’est sans doute ce qui nous a valu notre repas d’hier soir. Nous sommes ici depuis presqu’un mois et malgré mes inombrables escapades alimentaires, nous n’avons toujours pas goûté à la cuisine chinoise, que j’avais pourtant plutôt appréciée en février. La famille norvégienne chez qui Yuan travaillait avant nous l’avait décrite comme excellente cuisinière, donc dès lundi dernier nous lui expliquons qu’on aimerait vraiment bien qu’elle nous prépare une repas chinois. Forte de mes expériences d’incompréhension, je lui répète plusieurs fois sur la semaine, et hier je lui annonce que nous allons ensemble au marché, afin qu’elle puisse acheter ce qu’il lui faut. Après avoir croisé un troupeau de moutons sur la grande route et dépassé un âne tirant une charrette de pastèques au beau milieu d’un embouteillage dans le centre ville (vivement mon appareil photo …), nous arrivons au marché où je commence à avoir mes habitudes. Comprenez où je me fais rouler par les mêmes commerçants qui me font des grands sourires quand j’arrive et tentent de refiler des friandises immondes à Paul. J’aurais dû avoir la puce à l’oreille, car pendant que j’achetais des montagnes de fruits, légumes et herbes aromatiques, oeufs ou crustacés, elle s’est contentée de basilic, de fromage et d’un peu de viande … puis m’a demandé d’aller chez Jenny Lou pour compléter. Ce qui nous a valu au retour de la piscine une splendide lasagne et des nuggets au poulet. Mon chinois ne doit pas encore être tout à fait au point.
Sinon il fait estival, on atteint facilement les trente degrés en journée et  on apprécie les bois et jardins sur la route de l’école qi nous apportent de la fraicheur. Le weekend dernier nous avons fait une escapade à Mutianyu, un tronçon de la Grande Muraille (qui soit dit en passant ne se voit PAS de la lune …) situé à une bonne heure de chez nous, et en fermant les yeux on se serait cru en Provence (bon, en se bouchant le nez aussi). L’endroit est magnifique, moins bondé que Badaling, autre tronçon que nous avions visité en février. Nous sommes montés en télésiège, je vous passe mes sueurs froides et cauchemards la nuit d’après, car le jeu en valait très largement la chandelle. Après un pique-nique sur la Muraille (ça fait bien … vous avez fait quoi dimanche dernier ? on a pique-niqué sur la Grande Muraille, pourquoi ?) et une belle balade d’un poste de garde à l’autre, nous sommes redescendus par un long long tobogan digne de Walibi. On promet l’excursion à quiconque viendra nous voir, à bon entendeur …
Le soleil et la chaleur semblent avoir amené des insectes, les filles ont été dévorées et je vous aurais bien fait une description à donner froid dans le dos de l’épouvantable araignée vue à la cave, si je n’avais pas demandé à Yuan de l’enlever, ce qui a provoqué un fou-rire de bien cinq minutes avant qu’elle ne me montre qu’il s’agissait d’une bestiole en plastic, blague d’Arthur …
Nos découvertes ici sont toujours aussi insolites, j’ai ainsi croisé des vieux monsieurs dans un parc le long du ring qui venaient faire prendre l’air à leurs oiseaux en cage, en les accrochant aux arbres, des jardiniers appliqués qui arrosent les branches des arbres, des ouvriers fatigués qui dorment sur le trotoir à l’heure de la sieste (pas un ouvrier, mais une bonne cinquantaine, on avait presque peur de les réveiller en passant en voiture) et des grosses dames faisant semblant de faire de la gymnastique dans un parc en bougeant les poignets et les chevilles.
Les enfants s’adaptent bien à l’école, Jeanne chante avec application dotroulittiputitidebi … ça doit être du chinois, ou de l’anversois, du hongrois, ou peut-être même de l’anglais ? Margot m’a sorti un “I love you Mommy” qui aurait fondre un iceberg et Arthur a reçu une lettre d’un copain de classe pour lui dire que plus jamais il ne lui dirait qu’il ne pouvait pas jouer avec eux. Ils ont pédalé pour les pandas, récolté des cahiers pour les enfants du Sichuan (le tremblement de terre passe son triste premier anniversaire cette semaine) et fabriqué des cadeaux pour la fête des mères. L’école avait bien tenté de remplacer la fête des pères par une fête des parents fin juin, mais devant le tsunami de réclamations maternelles, ils ont dû changer de cap!
Je prends des sérieux risques là … un si long article ? Croisons les doigts et Go !

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