L'heure de vérité

Il fait chaud, très chaud aujourd’hui, on dépassait les trente degrés à dix heures du matin, ce qui pour les brabançons que nous sommes équivaut à une bonne canicule. Pas que l’on s’en plaigne, loin de là,  ma promenade tri-quotidienne à vélo qui me mène à travers le bois, le long de la pépinière, par le semblant de hutong pour arriver à l’arrière de l’école est très agréable, les enfants ont des mines de vacances avant l’heure et depuis que j’ai fait l’acquisition de T-shirts supplémentaires à des prix qui ont laissé mes copines expats invétérées comme des ronds de flans, tout est parfait. Mais il fait chaud, Paul était en nage ce matin et je me suis souvenue de la petite piscine gonflable emballée avec le minimum vital et envoyée par avion. L’opération montage-dépoussièrage-gonflage-savonnage-rinçage-remplissage a très vite attiré Yuan et Jacky, qui semblaient se demander ce que j’allais encore inventer, et ils commentaient ça avec animation. Il n’a pas fallu trois minutes pour que Paul aie deux acolytes autour et à moitié dans sa piscine, qui se battaient pour lui envoyer les canards, s’aspergeaient pour le faire rire et chantaient un équivalent des petits canards au bord de l’eau en chinois (enfin si ça tombe c’était les longs nez qui dégringolent de la muraille, mais soyons positifs).
Et tout d’un coup, sans crier gare, la minute de vérité “Yuuu laaak Beijing ?”, et quatre yeux fixés sur moi …
Alors, do I like Beijing ? Eh bien oui. Disons que tant qu’à être expat, je crois que Pekin est une destination très agréable. Bien sûr à part mon expatriation notoire d’Anvers à Corbais (et encore, j’avais fait une escale à Bruxelles), je n’ai pas beaucoup de points de comparaison. Mais c’est une ville accueillante, avec énormément de facilités pour les expats, d’innombrables découvertes à faire à tous niveaux, un cadre de vie agréable, un confort incontestable. Bon après un mois je ne parle pas plus de cinq mots de chinois, remplir le frigo prend des proportions de finale de Kohlanta, être entourée de gens qui disent oui à tout et font le contraire ou rien du tout est éreintant, c’est tellement poussiéreux qu’on pourrait passer sa vie à nettoyer même en étant loin d’être maniaque, si on avait su tout ce qui nous manquerait on aurait rempli le container à ras-bord, mais franchement, oui I like Beijing. Ce que je leur ai dit, depuis ce matin j’ai des sourires jusque derrière les oreilles de la part de mes deux bras droits …
Du coup Yuan va m’apprendre à faire des jiotsu, euh des jiawtsi, non des jowsu, enfin bref des dumplings, des raviolis chinois! C’est succulent, et ça n’a pas l’air compliqué. Suite au prochain épisode …