Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vic & Co en Chine
31 décembre 2009

Lijiang-Shangrila

Lijiang-ShangriLa

On reprend une nouvelle fois la route, en chantant ce matin, direction Shangri-La. Un premier arrêt nous permet d’admirer le fleuve Yangtsé et les singes, certes en cages, les pauvres bêtes deviennent dingues, mais ils vivent dans les montagnes qui nous entourent. Et en se penchant ce ne sont pas des trèfles à quatre feuilles qu’on cueille par bouquets, mais des edelweiss ! Je n’en reviens pas, et on adapte de suite le programme musical … Des aigles nous tournent au-dessus de la tête, le paysage devient de plus en plus montagnard.

A midi nous atteignons le village de Shigu, où c’est le jour de marché. Outre les maraîchers habituels, on tombe sur le pharmacien qui outre ses herbes et décoctions diverses, propose des serpents et hippocampes séchés … Pauvre Jeanne qui avait vu ce genre de traitements dans un livre où on les montrait comme étant typique de la région du Yunnan et qui les jours avant le départ faisait très attention de ne pas tomber malade de peur d’être soignée à coups de serpent, la voilà servie ! Un peu plus loin un dentiste propose des dents et des dentiers sur son étal, puis ça y est, la première vendeuse de beurre de yak, on approche bien du Tibet !
Shigu aussi a été très marqué par le passage de la Longue Marche, il y a ici des monuments et même en musée sur le sujet, des vieillards vendent des souvenirs de cette « belle époque ». Le peuple naxi de Shigu aurait aidé l’armée rouge à traverser le Yangtsé, gagnant ainsi l’estime de tout le parti communiste … Au détour d’une ruelle nous tombons sur une galerie d’art installée dans une cabane, et Jean-Michel et moi craquons chacun pour un petit tableau dans cet endroit insolite.

Il est temps de reprendre la voiture, ça grimpe de plus en plus sérieusement !

Shangri-La est situé à plus de 3200 m d’altitude et fait partie du « grand Tibet », pas de la « province du Tibet » à proprement parler, on est quand même encore à plus de 1800 km de Lhassa, mais le paysage devient plus rude, on voit des stupas partout, les drapeaux de prière commencent à apparaître, on croise des yaks, les costumes changent, on s’y croit !

Shangri-La en soi n’existait pas avant 2002, si ce n’est dans l’imagination de James Hilton, auteur qui décriva en 1933 une mystérieuse région ayant tout du paradis terrestre. Shangri-La signifie d’ailleurs quelque chose comme pays où règne la paix et la sérénité. Le roman fut adapté au cinéma et déclencha une ruée de journalistes et aventuriers, à la recherche de ce paradis perdu pendant des dizaines d’années. Au final les autorités chinoises qui ne craignent pas les décisions unilatérales attribuèrent le « titre » de Shangri-La à la ville de Zhongdian, qui fut officiellement rebaptisée en 2002.

Notre hôtel se trouve à côté d’un petit village où les cochons noirs courent à travers les ruelles minuscules et tortueuses. Encore une dernière route plus que cabossée et nous atteignons un village reconstruit. Ici aussi nous avons une maison pour nous, il s’agit d’un authentique chalet tibétain démonté dans un village avoisinant et remonté. C’est tout sauf pratique, mais ravissant et comfortable. Tous les meubles sont en beau bois rouge, tapis tibétains au sol, mandalas au mur, l’encens brûle dans le salon et les salles de bain, plus vrai que vrai !

Le staff nous met en garde, ni bain ni douche chaude ce soir, le mal d’altitude est sournois, et on nous montre la réserve de bouteilles d’oxygène dont on nous conseille d’user et d’abuser. Rassurant … Les enfants n’ont pas l’air d’en souffrir, si ce n’est Paul qui dort mal, mais ça même à 50 cm d’altitude donc ce n’est qu’une bonne excuse, quant à moi je me sens comme si j’avais descendu une bouteille de vin toute seule !

Après un bon steak de yak on couche les enfants et je revêts la robe tibétaine pour me rechauffer, il fait glacial !Je retiens l’agence qui a prétendu qu’il faisait 15 à 20° de jour et qu’on descendait quà 0° la nuit … il fait facilement -15 à -20 la nuit, sans dépasser les 5-6° de jour, et pas question de sortir avant 10h du matin avec des enfants, enfin ça a du bon, on se repose un peu.

30 décembre, aujourd’hui ça fait 10 ans qu’on se fiançait, à Rome sous un ciel tout aussi bleu ! Si on m’avait dix que dix ans plus tard on se promènerait à Shangri-La avec quatre enfants …

Nous suivons les consignes et nous mettons en route lentement, après avoir baigné tout le monde dans une grande baignoire ronde en bois avec une pelle pour s’arroser d’eau chaude !

Au programme ce matin, le très grand monastère boudhiste de Songzanlin, à quelques kilomètres. Le site est splendide une fois de plus. Le chemin pour atteindre le monastère nous fait traverser des marécages, au loin on paerçoit un petit sanctuaire où ont lieu les « funérailles du ciel », en plus prosaïque il s’agit de l’endroit où on expose les corps des défunts découpés en morceaux, offerts aux rapaces … Une des raisons pour cette coutume qui peut sembler barbare est purement pratique : en montagne le bois est cher, l’incinération donc difficile, et creuser dans la montagne peut être impossible.

Songzanlin compte près de 800 moines, et en effet on en croise partout, des très vieux, très souriants, très austères, très bavards, très receuillis, très branchés (GSM et baskets dernier cri), très jeunes (pas plus de dix ans), … L’ensemble est immense et très coloré, joyeux. Au milieu un interminable escalier nous mène à travers les cellules des moinesjusqu’aux temples, tout ça sous un soleil de plomb qui nous rechauffe bien vite.

Ensuite nous partons visiter le centre de Shangri-La, drapeaux de prière colorés volent au vent. On s’arrête sur la place du village pour un festin de BBQ cuits sur place, tofu, viande, légumes, galettes de riz, même les enfants se régalent, une première, et tout ça pour moins de 3 € à six …

Requinqués on part escalader la colline sur laquelle se trouve le plus grand moulin à prières du monde, il faut s’y mettre à plusieurs pour le faire tourner, et nous sommes tous épuisés après quelques tours ! Encore quelques pas dans les ruelles colorées pour trouver des souvenirs, Margot enchantée rentre avec un moulin à prières et une banderole de drapeaux à prières, pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas ?

En route vers la maison on s’arrête pour admirer trois immenses aigles au-dessus de nous, puis un peu plus loin parce que la route du village est bloquée par des cochons et des vaches. Une grande partie de cache-cache de Jean-Michel et les enfants clôture cette belle journée au grand air.

Le lendemain, dernier jour de l’année 2009 et déjà de notre voyage ! Le programme prévu était trop lourd, a fortiori avec des enfants, mais Lili a plus d’un tour dans sa poche et nous emmène monter à cheval dans la plaine, sur des petits chevaux de montagnes, tellement petits que Jean-Michel et moi avons presque les pieds par terre. C’est une belle balade, nous sommes accompagnés par des aigles et des grues dans le ciel, l’expérience est superbe, les enfants ravis, nos fesses endolories par les selles en bois …

On fait nos adieux à la dame du BBQ du centre de Shangri-La, un dernier tour dans les échoppes pour trouver des cadeaux pour Jacky et Yuan, et on reprend la route de l’hôtel. Dans le village nous sommes invités à visiter un maison, nous admirons les boiseries colorées, et on se rend surtout compte du froid glacial qui y règne … Paul et Margot se font vite copains avec les deux enfants de la famille (comme il s’agit d’une minorité, ils sont tibétains, ils peuvent déroger à la règle de l’enfant unique, mais l’écart entre les deux n’est que de deux ans, et ils ont donc quand même dû s’acquitter d’une amende, symbolique toutefois). Seules les femmes sont à la maison, les hommes sont partis chercher du charbon dans les montagnes. Pour l’hiver ils ont aménagé une pièce à vivre au rez-de-chaussée et c’est là qu’ils nous invitent à boire le thé … au beurre de yak ! Nous goûtons avec une certaine appréhension, mais si on fait abstraction du fait qu’il s’agit de thé, ce n’est pas mauvais, c’est salé, nourrissant et surtout ça rechauffe !Le thé est accompagné de tsampa, farine d’orge mélangée au reste du thé pour faire une espèce de pâte, et de babeurre de yak sucré (le pas-beurre de yak comme dit Jeanne, qui chose étonnante, adore !).

Cette visite impromptue marque la fin de nos aventures. Pas de réveillon ce soir, les gens de l’hôtel nous regardent comme des extra-terrestres quand on leur demande si quelque chose est prévu (ce qui ne les empêchera pas de nous réveiller à coups de feu d’artifice à minuit !) et on se contente donc de faire les bagages.

Nous avons passé dix jours splendides dans le Yunnan, c’est une région fabuleuse, riche, diversifiée, fascinante. On aurait pu rester bien plus longtemps, voire bien plus, approfondir, mais on a tenté de tenir compte des enfants, pour qui tous ces déménagements n’étaient pas évidents. Nous étions tellement pris par ce qu’on voyait autour de nous, qu’on en oubliait de voir l’insolite ou l’étrange qui pimente habituellement notre quotidien … et ce blog. Mais demain nous rentrons sur Pékin, et nul doute que d’autres aventures nous y attendent !

Publicité
Publicité
Commentaires
Vic & Co en Chine
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité