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Vic & Co en Chine
26 décembre 2009

Kunming-Dali

En guise de cadeau de Noël on se lève une nouvelle fois à l'aube pour grimper -en avion- vers Dali, à 2200m. Dès l'aéroport on admire les costumes locaux multicolores, et on est presque déçus que notre chauffeur qui nous attend ne porte qu'un banal veston! Il nous embarque avec Lili dans sa voiture et c'est parti pour plus de deux heures sur des routes qui n'en ont que le nom ... on traverse littéralement des chantiers, on fait des bonds sur nos sièges, on s'accroche dans les tournants ... Mais surtout on a attéri dans un autre monde, où les carioles tirés par des buffles ou des petits chevaux cotoient les tracteurs et les voitures, où on attend avec amusement que veaux, vaches, cochons, buffles, chèvres et enfants daignent libérer le passage. On traverse des villages où s'il n'y avait les enseignes Coca-Cola et China Mobile on se croirait il y a 50 ou 200 ans.

Encore une demie-heure d'épingles à cheveux vertigineuses et nous atteignons le site de Weibaoshan, tout à fait désert. Lili ne semble pas avoir l'habitude des petits monstres affamés à heure fixe, les estomacs crient famine et il n'y a rien à l'horizon, si ce n'est un gentil monsieur qui me propose de le suivre dans sa cuisine où à même le sol sont étalés quelques légumes et de la viande, ainsi qu'un sac de riz. Haoma? Haode! Et dix minutes plus tard les enfants sont devant leur éternel bol de riz, pendant que nous sirotons nos délicieuses nouilles aux légumes, tout ça sans thermomix!

Requinqués nous partons explorer les montagnes, une suite interminable de marches à travers la forêt, avec entre les arbres de superbes vues sur la vallée. Lili nous encourage en affirmant qu'à chaque marche on gagne 7 secondes de longévité, mais après un bonus d'au moins une heure (oui enfin, je ne sais pas compter, mais c'était haut!) je renonce et fais demi-tour avec les filles sans avoir vu le moindre temple, nos hommes continuant avec Lili à l'assaut des merveilles cachées.
Arriva ce qui devait arriver, nous nous sommes royalement perdues au milieu des marches et des arbres, qui comme on sait se ressemblent tous ... Ca a du bon, nous passons devant de superbes pavillons et temples, et rencontrons des gentils moines à qui j'arrive à demander le chemin, tout en bénissant Mike et Ludong de passer tout le chapitre huit de mon cours à demander le chemin et à vouloir savoir si c'est encore loin...Le moine me rassure mais devant mon air inquiet et les larmes de Margot, il nous raccompagne jusqu'au parking.

On descend de la montagne après ce grand bol d'air, et nous partons à la découverte de la vieille ville de Weishan, costumes colorés et bariolés, petits métiers, échoppes,  émerveillement devant nos enfants sur lesquels on se retourne, qu'on compte, touche,... comme à Pékin finalement, mais ici ça semble plus exceptionnel. On y tourne un film "d'époque" (non je ne sais pas laquelle ...) au moment où nous passons, on ne distingue pas ou à peine les acteurs des passants.

La journée a déjà été bien longue et on décide de laisser tomber le centre de Dali, grand centre touristique mais d'après Lili nettement moins authentique que Weishan. Nous sommes logés à Xizhou, à quelques kilomètres de là et la route nous mène devant les fameuses trois pagodes blanches (qui ne sont pas blanches du tout) de Dali.
Xizhou est un "petit village" bai (minorité ethnique) de 10.000 habitants. Bai signifie blanc, et tant leurs maisons que la base de leurs costumes sont blancs, ce qui donne un éclat tout particulier à la région. Nous découvrons avec émerveillement notre logement, résidence typique et classée au niveau national récemment transformée en maison d'hôtes par un couple sino-américain passionné. Brian et son épouse ont mis des années à obtenir les autorisations et à restaurer l'endroit, en respectant jusqu'au moindre caillou les traditions et savoir-faire d'origine. Un petit bijou, et surtout un endroit très chaleureux et personnel. Nos hôtes nous proposent tout de suite de nous emmener à une fête de village, blaguent avec les enfants, sont attentifs aux petits détails. Bon on est en plein hiver et même si le climat de la région est doux, l'endroit n'est pas chauffé, et l'eau chaude dispensée qu'à heures fixes, mais qu'à cela ne tienne, on se réveille le lendemain après une excellente nuit, le bout du nez gelé!

Après le petit déjeuner (dans la salle à manger glacée...) nous partons à pieds pour le marché à travers les ruelles de Xizhou, trop contents d'éviter le cohue-bohue qui semble être la principale caractéristique des routes du coin. On se promène le nez en l'air pour découvrir les ruelles, les porches, les impasses, les maisons bai, les splendides costumes locaux dont les coiffes représentent les quatre paysages de Dali : la neige (ils sont partiellement blancs), les fleurs (brodées sur le devant), le vent qui fait voltiger les longs fils sur le bord de la coiffe et la lune, représentée par la forme ronde de la coiffe, continué par le visage de sa propriétaire.


Le marché est un feu d'artifice (ou feu dentifrice comme dit Margot ...) de couleurs ... et d'odeurs! Coeurs sensibles s'abstenir, mais tout apprenti-vétérinaire devrait passer par ici. Sur les étals sont exposés des têtes de cochons, des entrailles, des pattes non identifiées, mais aussi des champignons, des épices, du tofu sous toutes ses formes, les fameux oeufs de 100 ans qu'on me déconseille très vivement de goûter (j'ai beau être curieuse, si même les chinois me le déconseillent ...) Nous y achetons au marchand d'encens de "l'argent" qui fascine les enfants : il s'agit de feuillets argentés et jaune à bruler pour envoyer de l'argent de poche aux ancêtres trépassés.

A défaut de cariole nous reprenons la voiture pour aller à Zhoucheng, situé à quelques kilomètres de là, village bai également. Comme tous les villages de la région, il a été construit autour d'un banyan, arbre gigantesque qui représente l'histoire et la mémoire du village, plusieurs fois centenaire. C'est sous un banyan que Sidharta, devenu plus tard Bouddha, aurait trouvé les quatre vérités. On découvre les magasins de costumes non pas destinés aux touristes mais aux locaux, une teinturerie à l'indigo où Jeanne manque de se transformer en schtroumfette tellement elle est curieuse de voir ce qui se passe au fond du bain de teinture et où nous achetons une splendide nappe en batik noué et des coussins, puis on déambule dans les ruelles, à dix mille lieux de Pékin et de sa vie trépidante.

Nous regagnons notre maison d'hôtes où pour changer de leur bol de riz les enfants se régalent d'un toast au jambon pendant que nous dégustons les légumes locaux, puis on se pose sur la splendide terrasse qui surplombe les champs, une vraie carte postale! On s'en arrache difficilement mais déjà la cariole nous attend devant le porche. C'est bien qu'on a en a vu des dizaines depuis notre arrivée dans la région, sinon on la croirait sortie d'un dépliant touristique, mais c'est un moyen de locomotion tout à fait courant, qu'on emprunte avec plaisir. Arthur et Jeanne prennent les rênes pour une belle ballade à travers les champs pour arriver au lac Erhai, où nous attend une barque pour une partie de pêche, au cormoran s'il-vous-plait!

La pêche au cormoran est très répandue par ici, on verra des dizaines de pêcheurs sur le lac le lendemain en quittant Xizhou. Les pêcheurs dressent les cormorans, gros oiseaux, à plonger (jusqu’à neuf mètres de profondeur !) pour attraper les poissons presqu’aussi grands qu’eux dans leurs becs et venir les lacher dans les barques. La pêche est bonne et impressionnante, et pêcheurs et oiseaux sont salués par nos hourras enthousiastes à chaque prise.

De retour à la terre ferme on profite des derniers rayons de soleil sur la terrasse où on vient perturber l’interview du maître de lieux par la télévision locale, mais heureusement pour eux l’heure de la cérémonie des trois thés arrive déjà. Cette cérémonie est particulière à la région, et symbolise les fases de la vie. Le premier thé est amer et sensé représenter la fase des envies, des désirs, des frustrations, et en effet, il n’est pas bien bon … Vient ensuite la fase où on réalise ses désirs, le thé est doux et agrémenté de gingembre, noix et … fromage ! Pas mauvais mais surprenant. Enfin on nous sert le thé de l’arrière goût pour la fase de la vie où on se remémore avec plaisir le passé, notre tasse est parfumée au poivre, canelle et gingembre. Lili nous passionne par ses explications filosophiques sur chaque fase, et nous fait comprendre que les chinois ne sont généralement pas convertis par une seule pensée, mais prennent dans chaque courant ce qui les intéresse ou les arrange, en y ajoutant multes superstitions et traditions. Un vaste cocktail, pour lequel le thé reste à inventer.

Avant le repas Brian nous propose de venir assister au cours d’anglais que l’institutrice américaine de leurs enfants donne à deux pas de là aux enfants du village. Moment insolite, Margot et Paul suivent avec attention les enfants qui répètent que « the baby is young » et « the rabbit is fast ».
C’est sûr, on quittera demain matin à regret cet endroit atypique et chaleureux, et si on trouvait une fontaine, on ferait certainement tous le vœu d’y revenir bientôt.

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